Tourné vers l’Europe et regardant en même temps vers New York, le Québec, la plus vaste des provinces du Canada, fascine et intrigue les Français. Il est vrai que le Québec a connu l’un des plus profonds changements qu’on puisse imaginer en l’espace d’une quarantaine d’années : l’autorité de l’Église s’effondre, les liens s’établissent avec la « francophonie », le retard économique avec l’Ontario est en partie rattrapé, l’industrie hydroélectrique devient le symbole de la fierté québécoise. Cette profonde et rapide mutation est-elle à l’origine de l’éveil, au Québec, de l’idée d’indépendantisme ! 1960 et la « révolution tranquille » ont vu naître des luttes importantes pour le pouvoir entre anciennes et nouvelles élites, entre francophones et anglophones. Dans un face-à-face spectaculaire, deux Québécois : René Lévesque, premier ministre indépendantiste du Québec et Pierre Elliott Trudeau, premier ministre fédéraliste du Canada, ont défendu une solution d’avenir pour le Québec, différente. Entre la vitalité économique et culturelle du présent et le déclin de la natalité qui hypothèque l’avenir, le Québec a certes des atouts mais aussi beaucoup de défis à relever. Deux destins s’offrent toujours aux Québécois : accéder à la souveraineté en se condamnant peut-être à une dimension et un rôle réduits dans le monde ou bien tirer pleinement profit du grand espace canadien avec un système fédéral fondé sur l’égalité des francophones et des anglophones. En quelque sorte le choix entre le sentiment et la raison.