En mars 1933, quelques semaines après qu’Hitler eut pris en main les destinées de l’Allemagne, Franklin Delano Roosevelt accédait à la présidence des États-Unis d’Amérique. Il fallait sortir le pays de la crise économique dans laquelle il s’enfonçait et combattre le chômage et la misère. Or, de 1933 à 1945, les États-Unis maîtrisaient progressivement leur crise intérieure et même parvenaient au premier rang du monde occidental. La mise en place du New Deal devait restaurer le système bancaire en proie à la panique et remettre en route la production agricole et industrielle. En général d’esprit libéral mais empreint d’un certain conservatisme, il a instauré une tradition d’intervention de l’État dans la politique du pays. Cependant, pour beaucoup d’Américains de l’époque, le New Deal fut surtout associé à la création de mesures sociales : sécurité sociale, assurances vieillesse, négociations de conventions collectives avec les syndicats. Néanmoins, si la politique rooseveltienne fut approuvée par l’homme de la rue, elle provoqua également des mouvements d’opposition, de mécontentement, de critiques qui mirent le président en difficulté. Réélu triomphalement en 1936 et honorablement en 1940, Roosevelt, qui avait suivi une politique de neutralité à l’égard des conflits européens, fut entraîné malgré lui dans la guerre avec l’attaque de Pearl Harbor par le Japon. La participation des États-Unis à la guerre fut, on le sait, décisive pour la victoire des Alliés. Mais l’effondrement de l’Europe permit également aux États-Unis d’acquérir une prépondérance incontestable au plan économique, financier et monétaire. Claude Fohlen, dans ce livre très documenté et fort agréable à la lecture, explique parfaitement l’étonnante transformation qu’ont opérée les États-Unis au cours de ces douze années, en même temps que le rôle écrasant qui leur incombait : assurer la paix au lendemain de la guerre.