L’attraction sociale décrit le rêve imparfait de toutes les époques. L’auteur s’interroge sur cette puissance par où la volonté de chacun rencontre le destin des autres au sein d’une aventure collective. Parce qu’il indique les frontières de nos souhaits, sans couvrir les risques conjugués du hasard et de l’Histoire, l’idéal politique du Progrès allume de ses feux incertains l’obscure mobilisation des masses humaines en lutte pour le dépassement de leur permanente étrangeté. L’ouvrage souligne ainsi comment les sociétés tendent à réduire leur horizon culturel sur l’autel de la rationalité solitaire de l’utile et de l’efficace. Toutefois, la gestion technique de la mémoire sociale ou le contrôle étatique de la vie quotidienne n’ont jamais interdit aux émotions d’irriguer discrètement une sensation lyrique de la socialité. À travers les avant-gardes littéraires et artistiques de ce siècle (expressionnisme allemand, surréalisme, Internationale situationniste…), P. Tacussel croit deviner l’affirmation d’un espace dans lequel la subjectivité et les désirs seraient enfin délivrés de la violence de l’inexorable fuite du temps. Le poétique désignerait dès lors une éthique sans projet.