Cas de légitime défense, ou meurtres dissimulant mal leur préméditation ? On ne cherche pas ici à dissiper le flou de ces incidents, mais, prenant acte de leur indécidabilité, d’élucider le sentiment d’inquiétante étrangeté que provoque en nous l’écho des coups de fusil. Au cœur de l’enquête dont ce livre rend compte, un discours collectif qui légitime cette pratique comme solution finale, comme punition ou comme acte de guerre. Discours équivoque qui ne vise pas seulement les malfaiteurs, mais l’État qui se fait complice de la délinquance, mais l’enfant en qui culmine la visibilité du changement social, mais nous aussi qui n’avons plus l’assurance d’être épargnés par les balles des propriétaires et qui, de ce fait, ne sommes plus avec eux dans un rapport de concitoyenneté. Il ne s’agit pas ici de présenter l’autodéfense comme un phénomène objectivable, mais de manifester ses implications quant à la redéfinition du lien social élémentaire qui nous unit à chaque membre de la société.