Que l’école soit en partie et occasionnellement gagnée par la violence ne surprend pas ceux qui s’en préoccupent de longue date. Il y a conjonction de deux problématiques : tout d’abord, en dépit des meilleurs efforts, le système et la relation scolaires implosent, et l’impératif de scolarisation se redéfinit dans l’actualité d’une société de consommation, société jeune, société technologique, où la vie et le désir, d’une certaine façon, reprennent le contrôle de l’institution. Ensuite, c’est la vie sociale quotidienne qui est mise en question par la défaillance économique et mentale de la formation. Et l’école ne retrouve du sens que désormais située et inscrite dans les contextes familiaux et sociaux de son environnement naturel. La violence dès lors vient manifester à l’école la socialisation brutale de l’enseignement, et l’ampleur des problèmes à résoudre. Enfin, c’est sur une nouvelle culture et une nouvelle pédagogie scolaires que se referme cette recherche intervention, qui par ailleurs se poursuit. Réseaux et partenariats ; recentration des établissements sur une vie scolaire ouverte, à partir des repérages de savoir(s) fondamentaux ; enseignement et éducation étroitement liés, pour un apprentissage différencié de masse. Jamais le défi n’avait autant approché la limite du système. L’enjeu, c’est l’utopie à marche forcée. Sans négliger la conjoncture sociale, le choix énoncé reste simple, et fait hypothèse pour ce livre : ou la pédagogie restaure et ouvre l’accès aux savoirs ; ou la violence vient marquer le manque et l’échec au cœur de l’école et de sa pédagogie. En fait, c’est d’une autre école qu’il s’agit.