La France est handicapée par son retard social. Alors que la compétitivité des entreprises passe par la modernisation des rapports sociaux, nous héritons, par notre histoire et notre culture, d’un syndicalisme de masse et de classe aujourd’hui défaillant, d’un mode de production tayloriste, d’un système éducatif construit en dehors ou à côté des besoins de l’économie. Le constat est amer : chômage structurel et décalage entre l’offre et la demande d’emploi, jeunesse désemparée, éducation nationale monstrueuse, développement de la précarité et de la société duale, avec son cortège d’exclusions et de banlieues ghettos… Pour en sortir, il faudrait, tout à la fois, réformer les rapports sociaux, les organisations syndicales et l’Éducation nationale. Vaste programme… Pourtant, ici et là, des expériences innovantes, nées de la nécessité comme de la réflexion, dessinent les contours d’un nouveau système où la production et le social seraient confondus. Saura-t-on et pourra-t-on faire à temps les choix nécessaires, et adopter, progressivement, un modèle socioproductif cohérent et compatible avec les tendances fortes à l’œuvre en Europe ? Rien n’est moins sûr si, aux beaux discours sur l’emploi, la formation initiale et permanente, continuent de s’opposer des pratiques sociales contre productives telles que l’externalisation, les licenciements de précaution, l’élitisme éducatif, etc. Un livre décapant, sans illusions, qui vient rappeler aux citoyens producteurs, voire à leurs élus, qu’il est grand temps d’ouvrir un débat national sur les vrais enjeux de la modernité.