Au XXe siècle, les sciences sociales, surtout en France, se sont le plus souvent présentées comme les porte-parole de la société, de l’intérêt collectif contre les prétentions de l’individu. Mais il semble en cette fin de siècle que l’individu et l’individualisme ne veulent pas mourir et la crise actuelle des sciences sociales doit être analysée comme le réveil de l’individu soumis pendant trop d’années au règne théorique et pratique du collectif. Contrairement à l’idée largement répandue que l’individualisme détruit la société, il en fonde au contraire la nécessité. Car, dès que l’on affirme le principe de la valeur propre de l’individu, la question la plus immédiate et la plus importante qui se pose alors, est celle de la société. Dans cette recherche, l’autonomie de la sphère des activités économiques est essentielle, car c’est elle qui crée et sauvegarde concrètement l’individualisme et, au-delà, la démocratie, entendue ici non seulement comme régime politique, mais comme état de la société tout entière.