À travers l’étude d’une confrérie musulmane méconnue, ce travail explore les relations complexes, faites d’interactions et de conflits, entre islam et culture traditionnelle africaine. La confrérie layenne est souvent présentée comme une confrérie « ethnique » et « syncrétique », une émanation religieuse de son milieu d’implantation, la communauté lébou du Cap Vert. En fait, les limites et la synthèse lébou-layenne apparaissent clairement dans l’étude de la doctrine layenne, des relations entre autorités layennes et lébou au cours du siècle, et de l’attitude stricte de l’islam layenne vis-à-vis des traditions et cultes lébou. L’effort d’enracinement de l’islam chez les Lébou s’est traduit notamment par le contrôle des femmes, qui sont honorées sur le plan religieux, mais qui se voient dépouillées en parallèle de leurs prérogatives sociales, rituelles et thérapeutiques. L’éclatement des structures traditionnelles lébou, ainsi que la crise multiforme qui frappe la société sénégalaise, ont récemment laissé le champ libre à l’islam layenne dont on peut dire qu’il est devenu la forme moderne d’expression de l’identité lébou.