Parmi les officiers en activité entre 1848 et 1870, seuls 8 % proviennent de la noblesse. C'est l'une des conclusions frappantes de l'étude de William Serman, fondée sur l'analyse d'une masse de documents inédits ou peu connus.Au milieu du XIXe siècle, en effet, le corps des officiers français combine deux systèmes démocratiques de recrutement : la sélection par concours de jeunes éléments d'avenir et la promotion interne de serviteurs déjà anciens. Certes la situation de l'enseignement en France, le coût des études préparatoires, le prix de la pension dans les Écoles militaires et la priorité longtemps accordée aux fils de courtisans ou de fonctionnaires pour l'attribution de bourses limitent la démocratisation du recrutement des Saint-Cyriens et des Polytechniciens. Mais l'augmentation du nombre d'emplois à pourvoir, le renouvellement rapide du personnel en temps de guerre et la répartition sociale des vocations militaires dans la nation favorisent la promotion massive de sous-officiers issus des classes populaires. Les classes moyennes poussent nombre de leurs fils vers l'armée, qui offre un important débouché à la jeunesse instruite et des possibilités exceptionnelles de promotion sociale à des milliers de jeunes d'humble origine.William SERMAN, né en 1932, est agrégé de l'Université, docteur ès-lettres, et maître-assistant à l'Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne). Ses publications antérieures et ses travaux actuels ont pour objet l'histoire de la société et de l'armée en France au XIXe siècle.