Dans l’ensemble de la 2e guerre mondiale la Libération de Paris est, militairement, un petit événement ; faibles furent les forces engagées, mince l’intérêt stratégique ; on a même mis en doute l’utilité de l’insurrection parisienne ; on s’est demandé si, en immobilisant les forces alliées, ne fût-ce que pendant quelques jours, on n’avait pas retardé la défaite de la Wehrmacht. Mais l’optique change totalement si on se situe sur le plan de la France ou, mieux encore, de l’Europe occidentale. Paris est la seule capitale occupée qui, en se soulevant, ait provoqué et aidé sa propre libération. Or, les moyens en hommes et en armes étaient faibles et grand le risque que la ville fût détruite. À l’arrière-plan des combats des « journées glorieuses » restituées dans le climat d’effervescence générale du Paris de l’été 44, Henri Michel ne dissimule certes pas les profondes divisions qui séparaient les résistants parisiens et la méfiance mutuelle qui en résultait. Il montre comment le prestige, et l’habileté, du général de Gaulle lui permirent, en définitive, d’imposer sa personne, ses hommes, et ses vues, en réalisant autour de lui la plus large union nationale que la France ait jamais connue dans son histoire. À bien des égards, la Libération de Paris marqua ainsi l’an premier d’une renaissance française, encore lourde d’incertitude et d’inconnu. Ce qu’étaient les plans et les projets des alliés concernant Paris, pourquoi la ville ne fut pas détruite, quelles formes et quelle ampleur prit « l’épuration » à la libération, autant de questions encore passionnément discutées sur lesquelles l’auteur apporte des éléments nouveaux.