Mars 1921, quelques mois à peine après la fin de la guerre civile, les marins de Cronstadt, qualifiés par Trotsky d’« orgueil et de gloire de la Révolution », se révoltent contre le pouvoir central. Les 15 jours qui ébranlèrent le pouvoir bolchevique nous sont ici restitués dans leur dramatique progression. Ils constituent le révélateur de la société politique de la jeune République des soviets et des idéologies révolutionnaires en présence. Face à face, résolus ou déchirés, voici Lénine et Trotsky, Pétrichenko et Zinoviev, Emma Goldman et Victor Serge dans l’affrontement. Cronstadt : Ultime tentative contre-révolutionnaire, fruit d’une propagande insidieuse ayant réussi à détourner des hommes qui avaient défendu un idéal avec un héroïsme particulier ou au contraire ultime soubresaut d’une démocratie ouvrière établie tout d’abord par la Révolution d’Octobre sous la forme de soviets autonomes et abolie ensuite au profit d’une bureaucratie tentaculaire et d’un parti tout-puissant ? Au-delà de l’ambiguïté de la révolte sur laquelle il ne manque pas d’insister, Henri Arvon situe Cronstadt – « La Troisième Révolution » – dans l’histoire du Conseillisme dont la Commune de Paris (qui se produisit exactement 50 ans plus tôt) fut la première manifestation. La « Troisième Révolution » s’oppose en effet à la fois à la révolution bourgeoise et à la révolution prolétarienne. Elle dépasse la liberté politique, apanage de la première, et la liberté sociale, but de la deuxième par une liberté toute nouvelle dont les dimensions se confondent avec l’immense étendue de toutes les aspirations humaines.