Tard, tard dans la nuit de samedi au point qu'on ne sait plus... quoi donc déjà ? Le bruit des téléscripteurs t'a réveillé. Pourtant le roulement des tanks, ce n'était pas vraiment une surprise. Tu as tendu l'oreille. Tu n'as entendu que le silence et l'obscurité s'étendant sur un pays entier. Tu t'es rendormi d'un sommeil lourd entrecoupé d'autres réveils que tu as feint de prendre pour des cauchemars. Des cuirassés sombraient dans l'Antarctique, des villes rasées retournaient au désert, des charniers s'étendaient sur la planète entière. Passent, passent les vagues nouvelles déferlant sur les plages de tes journaux. Passe, passe l'écume des déclarations. Passe, passe tout ce que tu sais faire pour croire maîtriser l'Histoire. L'eau ne cesse pas de cogner contre la digue que tu as dressée pour séparer l'art de la vie, la politique du sentiment, la poésie de l'information. Mais regarde : dans le sable détrempé, l'empreinte ne reste pas. C'est là qu'on ramasse les algues de la mémoire. C'est au littoral que la parole devient chant.J.H.