Sujet brûlant, l’aide humanitaire déchaîne les passions et suscite de nombreuses controverses. Les drames qui déchirent l’ex-Yougoslavie et la Somalie en ont fait un thème essentiel de l’actualité médiatique. Or, maintenant, l’action humanitaire ne se réduit pas à de simples secours pour populations en détresse ; elle est également relayée par des images à fortes sensations, par toute une politique déclaratoire et des dispositifs militaires. L’impératif moral d’aide humanitaire s’est mué en « droit d’ingérence humanitaire ». Derrière la promotion internationale de ce nouveau droit, notamment par le gouvernement français, se cache une stratégie dont l’un des objectifs est assurément de restaurer la grandeur de la France. « Nouvel ordre international » oblige… Cette étude analyse donc les sources historiques de l’aide d’urgence, mais elle montre aussi comment, d’utopie associative, elle s’est métamorphosée progressivement en diplomatie morale au service d’une politique, comment elle s’est fait institutionnaliser par les pouvoirs publics nationaux et internationaux. Elle pose des questions fondamentales sur l’ingérence humanitaire : le droit d’ingérence est-il un véritable droit ? La diplomatie morale peut-elle tenir lieu de politique extérieure ? Pourquoi l’humanitaire et le militaire se retrouvent-ils mêlés sur les théâtres de crise ? Progrès des relations internationales ou facteur de désordre planétaire : tel est l’enjeu que souligne ce dossier à propos de l’ingérence humanitaire.