La Légion perdue... telle semble bien être, durant l’année 1942, cette Légion des Volontaires français regroupant ceux de nos compatriotes qui ont accepté de revêtir l’uniforme allemand pour combattre sur le front de l’Est. Cette Légion est alors réduite à deux bataillons isolés l’un de l’autre, dont la force totale ne regroupe même pas quinze cents hommes. Ils ne sont pas envoyés en premières lignes, mais doivent combattre les partisans sur les arrières des forces du Reich engagées dans une lutte gigantesque contre l’URSS. Parmi ces hommes, quelques-uns ont connu le terrible premier hiver, où ils sont arrivés aux portes de Moscou par un froid atteignant – 40°. La plupart sont de nouveaux engagés venus de la zone occupée comme de la zone libre. Parmi eux, les anciens militaires de carrière formés à la dure école des campagnes coloniales côtoient de jeunes militants des partis politiques favorables à la politique de collaboration, tout aussi bien que des aventuriers que l’on retrouve dans toutes les armées mercenaires. Tous vont affronter un ennemi redoutable et souvent insaisissable, connaissant à merveille le terrain et parfois aidé par une population prise entre les deux camps ennemis. Les partisans ne sont pas seulement des civils armés dans la clandestinité, mais aussi des soldats réguliers de l’Armée Rouge, dont de nombreux parachutistes. Ils constituent des bandes organisées que les volontaires français vont pourchasser dans un pays de marécages et de forêts, où l’été russe, dans le bourdonnement des moustiques et les fièvres pernicieuses, se révèle désormais aussi redoutable que l’hiver. Il reste peu de survivants pour témoigner de cette aventure exceptionnelle et méconnue.