J’aime le livre de Maïté Pinero pour ce qu’il enferme d’humanité, de violence aussi. Vingt histoires qui transmettent l’instinct de vie avec la lucidité de regard d’une femme jetée dans la guerre, avec sa sensibilité passionnée. Sac au dos, plomb aux pieds, les guérilleros du Salvador suivent des chemins sans maison. Qui sont-ils ces compagnons qui arpentent le même sentier pour aller vers le soleil jusqu’à ce que leurs yeux soient brûlés ? Sans grandiloquence, sans exclure l’aspect brut du document, dans un style dépouillé d’artifices où se retrouve l’âpreté de la langue espagnole, l’auteur tisse ses réponses. Les gens dont elle parle, elle les connaît pour les avoir approchés comme journaliste. Elle sait qu’au maquis, parmi les supplices, il y a l’absence. Parmi les tortures, il y a l’absence. L’attente rend les épouses attentives au balancier de la solitude. Mères ou amantes caressées par l’incertitude du retour, elles guettent le grattement de l’homme à la porte. Ce soir, il ne viendra pas. Les lettres sont des cendres chaudes. Une balle frappe le guérillero. Quand il n’y aura plus de sang, il restera juste un peu d’encre.