Une jeune étudiante en droit voit un jour un métier à tisser. Coup de foudre, mariage d’amour. Le monstre envahit tout, la vie, l’espace (plus de place pour le lit !). Mais commence un des romans vrais les plus stupéfiants de notre temps. Car l’étudiante découvre qu’elle a en elle le génie du tissage, et le démon. Des amis s’étonnent des inventions, de la beauté qu’elle tire de matériaux inattendus. L’amour d’une mère fait le reste : « Va montrer cela à Chanel ». Et c’est le miracle. Chanel veut les tissus de Malhia, et les veut tout à elle. Et Malhia sait de son côté que Chanel agira sur elle comme un révélateur. Extraordinaire rencontre, que celle de ces deux femmes — l’une vieille, célèbre, l’autre jeune, neuve — qui vont s’inspirer et « s’aspirer » l’une l’autre, s’adorer et se détester, dans l’atmosphère feutrée des salons où « Mademoiselle » règne en despote, en pharaonne, loin de la lumière du jour, au milieu d’éternels jeux de glaces dont elle semble manipuler cruellement les reflets comme une araignée les fils de sa toile. Lorsque Malhia refuse d’être esclave, Chanel la rejette, la brise, puis la reprend parce qu’elle a tenu bon. Et un jour, la Pharaonne laisse deviner le désert effrayant de sa solitude, montre qu’elle a encore un cœur et des angoisses de petite fille abandonnée. Va-t-elle enfin devenir humaine ? La mort le lui interdira. Et Malhia se retrouve, un matin bouleversant, orpheline de Chanel, mais adulte, libre, maîtresse d’elle-même et à la tête d’un nom — le sien, désormais mondialement célèbre.