Bâtir et inscrire furent deux prérogatives royales dans l'Élam antique. Bâtir des demeures dignes d'un souverain et, plus encore, des demeures terrestres pour les dieux, inscrire ces demeures, pour que, dans le futur, alors que les édifices d'argile auraient disparu, les dédicaces gravées sur leurs briques gardent le souvenir du prince-bâtisseur et continuent de témoigner de sa gloire et de sa piété.Les briques inscrites illustrent, sur quelque trois mille ans, l'évolution d'un style littéraire - étroitement lié à l'idéologie politique - et présentent des éléments de connaissance sur l'architecture, la vie politique, et les conceptions religieuses de l'Iran antique, avant que Darius n'y prît le pouvoir, et n'imposât l'ordre politique et religieux perse. Même si ces dédicaces de construction relèvent, avant tout, d'une conception mésopotamienne de l'écrit, le texte de ces inscriptions comporte aussi les traits de la culture des populations qui nomadisaient sur le Haut Plateau iranien.Suse, capitale occidentale de l'Élam depuis le IIIe millénaire, centre administratif, politique et religieux du pouvoir royal, conserva, malgré des périodes de déclin, un statut prééminent tout au long de l'Antiquité jusqu'à Alexandre, qui y fit célébrer un mariage entre dix mille de ses officiers et soldats avec des Asiatiques, symbole de l'union de l'Orient et de l'Occident dans cette ville aux "6 000 ans d'histoire".