Genève, au temps de Calvin, est une ville à un tournant de son histoire. Elle vient d’acquérir son indépendance, et de se donner à la Réforme. Tous ceux que persécute le catholicisme, tournent leurs regards vers elle, et viennent s’y réfugier en si grand nombre que la population finira par compter un étranger sur trois. Avant tout, il s’agit de Français, qu’attirent la communauté de langue et le fait que les pasteurs qui dirigent la ville — moralement et en fait politiquement — sont également des Français, Calvin compris. En quelle intelligence les autochtones vivaient avec tous ces immigrants ; quelle fut la contribution — immense — des Protestants français à la construction de la Genève moderne, c’est ce que ce livre s’attache, entre autres, à montrer. On y voit aussi comment, contrairement à une opinion répandue, celle qu’on devait appeler la Cité de Calvin, fut loin d’être unanime derrière ce dernier. L’ordre moral que le Réformateur a essayé d’instaurer, est constamment enfreint, même par les plus hauts magistrats, qui, bien souvent, se retrouvent en prison, à commencer par le chef de la prison lui-même ! Enfin, on voit à quels résultats surprenants put conduire l’édification d’un État qui, au début des temps modernes, ne craignit pas de prendre pour constitution... la Bible elle-même et, pour modèle institutionnel... l’État d’Israël au temps de la royauté !