Le Grand Siècle de la Pologne ce fut le XVIe : celui de la Renaissance et de la Réforme, de Copernic et des écrivains politiques qui proposaient de nouvelles conciliations entre l’ordre et la liberté. Par comparaison, le centenaire suivant, marqué d’une suite de guerres malheureuses, de Jacqueries et d’invasions, apparaît comme une période de régression et même de décadence. Éclairée et tolérante à ses débuts, la grande démocratie nobiliaire va dégénérer en démocratie anarchique, orchestrée plus ou moins ouvertement par l’oligarchie des magnats. Profitant de ses privilèges exorbitants, la noblesse asservit les paysans et réduit à bien peu de chose la bourgeoisie des villes. C’est pourtant cette noblesse campagnarde et ferrailleuse qui a engendré et répandu la culture nobiliaire — lien et ciment principal du vaste État fédératif polono-lituanien. L’auteur évoque d’abord le cadre géographique et la conjoncture historique dans laquelle s’inscrit la vie quotidienne de la société polonaise, véritable roman de cape et d’épée. Car la Pologne du XVIIe siècle demeure la terre privilégiée d’aventures illimitées, de ratages splendides, d’entreprises folles. C’est dans ce monde, si riche d’événements et de personnages extraordinaires, que vivaient les Polonais d’il y a trois siècles. Il nous semble que c’était hier, tant les rapprochements avec la réalité contemporaine s’imposent à travers le tragique, le pittoresque, l’héroïque ou l’amusant de l’histoire et du caractère national polonais.