La découverte des Amériques, en 1492, est aussi celle d’une plante bien mystérieuse, dotée de nombreux mérites tant thérapeutiques que sacrés : le tabac. Las Casas, étonné, raconte que les Indiens “aspirent avec leur respiration cette fumée dont ils s’endorment la chair et s’enivrent presque”. D’abord cultivée en Espagne, cette plante magique est introduite en France, par Jean Nicot et André Thevet, aux alentours de 1560. Furetière, dans son dictionnaire (1684) note : “on prend du tabac en poudre par le nez ; en machicatoire, en le mâchant dans la bouche, et en fumée par le moyen d’une pipe, ou en petit canal de terre, au bout duquel on le met et on l’allume”. Le tabac conquiert progressivement un large public, qui le consomme de diverses manières, et ce partout dans le monde. Les armées jouent un rôle essentiel dans la diffusion de ce “plaisir” et dans sa généralisation. Bénigno Cacérès, avec son talent de conteur, déjà prouvé par Si le pain m’était conté, nous décrit l’étonnante aventure de ce compagnon qui part en fumée pour toujours revenir, tant l’habitude de sa fréquentation est puissante. Histoires de la cigarette, du cigare, de la pipe, du calumet de la paix, du filtre, du papier, des allumettes, des tabatières, etc. ; histoires des mots et expressions utilisant et détournant des termes techniques des fumeurs ; histoires des dangers et des maux provoqués par sa consommation régulière, sont ici associées, afin de nous instruire en nous distrayant. D’un engouement populaire massif, à une méfiance de plus en plus manifeste, le tabac a une histoire passionnante, que Bénigno Cacérès nous raconte avec mille et une anecdotes.