La IVe République est morte de n’avoir su résoudre deux graves problèmes : l’affaire algérienne et la réforme de la démocratie. Son instabilité ne découlait pas du mode électoral, mais de l’extrême diversité de l’opinion publique, qui entraînait une incohérence funeste et amorale dans les mœurs politiques : ayant confondu souveraineté nationale et souveraineté parlementaire, les gouvernements n’avaient plus qu’à se réfugier dans l’immobilisme. Or, si l’armée a été l’occasion des changements politiques survenus depuis le 13 Mai, elle n’a pas agi pour prendre le pouvoir. Elle n’a fait que constater l’inexistence des institutions de la IVe République. Maintenant, la Ve République a pris le départ. Pourquoi était-elle inéluctable ? Où va-t-elle ? Sur quelles forces peut-elle s’appuyer et quelles factions doit-elle redouter ? Qu’est-ce qui a changé dans la morale politique du pays ? L’Algérie sera-t-elle l’écueil où se brisera la France ou, au contraire, la condition de son relèvement ? C’est à toutes ces questions que tente de répondre Michel Massenet dans ce livre brillant et perspicace, où il aide le lecteur à interroger l’avenir. S’il est vrai que, dans une démocratie comme la nôtre, l’autorité de l’État doit reposer d’abord sur la liberté des citoyens, sans qu’aucune de ces deux fonctions ne paralyse l’autre, alors oui, de Gaulle et la Ve République peuvent dissiper l’angoisse qui plane sur nous.