— Je m’excuse de vous déranger. Ici, Mme de Coster, votre voisine... Non, monsieur Pagès... Seulement vous dire que votre chien est chez moi. Elle égrena un rire délicat, cristallin. — À tout de suite, monsieur Pagès. Clac ! Elle raccrocha, ôta sa chemise de nuit et, toute nue dans le salon, se mit à danser de joie. Puis, elle fila dans la pièce voisine et de Coster l’entendit chantonner comme dix ans plus tôt, alors qu’elle figurait dans le ballet des Papillons de la revue du Roxy. Elle revint dans la salle, cambrée sur de hauts talons, enfila un slip et une robe qu’elle boutonna fiévreusement. — Maintenant, cache-toi, commanda-t-elle à son mari. De Coster s’exécuta. Il eut tort. Par la suite, il devait beaucoup y penser. Il aurait dû, à cet instant, prier sèchement Sylviane de lui foutre une bonne fois la paix avec ses mondanités. On se gratte, parfois, un petit bouton de rien et ça déclenche une catastrophe. En fait donc, tout commença comme ça. Un manque de pot, devait se dire de Coster quelques jours plus tard. Il y aurait de quoi faire un roman avec une histoire pareille.