Effectuer une synthèse, dans le temps et dans l'espace, des façons de concevoir et de traiter ce que recouvre le terme de "paysage", à la fois fort utilisé et fort divers en ses significations, tel est le but de cet ouvrage. Il s'ouvre - tout naturellement - sur une revue des modalités d'émergence de l'idée de paysage, dans les domaines de l'art, des sciences de la nature, de la géographie et de l'aménagement du cadre de vie ; puis, cette présentation est étendue aux conceptions et aux méthodes de travail qui en ont résulté.Celles-ci se répartissent suivant un gradient, qui va de la domination de l'objectivité à celle de la subjectivité. La "science du paysage" de la géographie physique soviétique est à l'un de ces pôles : ses entités paysagères sont conçues comme complexes matériels réglés par la thermodynamique. C'est dans ce contexte, qu'est né le concept de "géosystème", qui a parfois supplanté la notion de paysage.En position moyenne, biocentriques, mais aussi déjà anthropocentriques, les approches dans la mouvance de l'« écologie du paysage » touchent à la fois milieux naturalistes, milieux géographiques, et stratégies d'aménagement, à l'Ouest comme à l'Est.Vers le pôle de la subjectivité, des écoles de pensée empruntent aux réflexions existentielles et phénoménologiques de certains courants de la géographie humaine, mais aussi aux soucis d'évaluation et de gestion du cadre de vie. Paysagistes d'aménagement, ou adeptes des géographies "de la perception" ou "des représentations mentales", plus fréquemment rencontrés dans le monde occidental, ajoutent des notions nouvelles - "territoires", "lieux" ou "espace vécu" - en concurrence avec le "paysage".