Comparée à celle nos voisins, la politique familiale française passe pour être des plus explicites. Depuis les années vingt, en s’adressant à toutes les familles, parfois sans conditions de ressources, elle se distingue en effet des politiques de protection sociale. Son âge d’or court de la fin des années trente aux années soixante-dix. Aujourd’hui, cette orientation est remise en cause ; le consensus politique s’affaiblit, le débat progresse sur l’efficacité et le bien-fondé de cette solidarité familiale trop horizontale. Pourquoi, dans notre pays, la politique familiale a-t-elle pris un tel cours ? Quelle place attribuer à notre passion nataliste ? D’où viennent les mouvements familiaux et nos institutions spécialisées ? Quels rapports entre les allocations familiales et le salariat ? Sur les chemins de la solidarité, comment articuler l’aide familiale, les services, les équipements et toute l’horlogerie des prestations ? Quelles contraintes pèsent sur l’expérience familiale des hommes, des femmes, des parents ? Pourquoi les nouvelles procréations font-elles peur ? Qu’est-ce qui fait famille aujourd’hui ? Qu’est-ce qui fera famille demain ? Pour aborder ces questions, sous l’égide du Cedias, de l’Unaf et avec l’appui du Groupe d’analyse des politiques publiques, un séminaire d’experts s’est réuni au cours de l’automne 1998. Puis un colloque a rassemblé chercheurs et acteurs du champ familial, en avril 1999. Le présent ouvrage est issu de ces différentes contributions. Il en reprend le titre : Les Implicites de la politique familiale, c’est-à-dire les impensés, les voiles, les questions entrouvertes, les enjeux et arbitrages de l’action publique.