À travers l'histoire d'une Croisade avortée (la Quatrième, partie pour Jérusalem, et qui fit fausse route, pillant Zara, puis Constantinople, avant de disparaître), « La dislocation » est d'abord l'histoire d'une écriture. D'où un livre qui procède autant par la narration de ce qui est, que de ce qui pourrait être, que de ce qui ne sera jamais. Sous forme de commentaires, de digressions sans cesse retenues, où l'œil - fouillant le texte - prend autant d'importance, que l'œil qui en prédétermine l'architecture, le livre s'avance dans une savante confusion entre le chemin vers une Jérusalem mythique, et les chemins de l'écriture. Est-ce l'illusion qui mène le jeu, ou bien le jeu même n'est-il qu'illusoire ? Par-delà cette mise en question de l'écriture, par-delà le pré-texte historique, « La dislocation » nous renvoie à notre angoisse, à l'ultime silence.