La force d’un roman comme Terre de l’aube tient à son pouvoir de suggestion, au mystère dont se revêt soudain le quotidien : on s’attache à un personnage et on a l’impression de s’engager soi-même dans une aventure. Hans Deschamps est un jeune Français qui, malade et disposant d’une jolie fortune, part se reposer à Hawaï. Il découvre que cette île, dont on a beaucoup rêvé et où s’épanouit jadis une civilisation raffinée, est peut-être un lieu de vie heureuse, mais qu’elle est devenue aussi l’antichambre de l’enfer. C’est ici qu’avant de retourner au combat, les soldats américains viennent passer de brèves permissions. Hans loge d’abord dans un palace. Un mystérieux Monsieur Adam, qui lui manifeste beaucoup d’intérêt, le persuade de louer une chambre plus modeste dans le quartier japonais. Hans fait également la rencontre d’une jeune femme peintre, Harietta. Auprès de ses nouveaux amis, il se découvre des curiosités qu’il ne soupçonnait pas et c’est un autre voyage, intérieur, qu’il entreprend. Ce roman étrange et simple est l’histoire d’un jeune homme qui s’ouvre au sens de la vie, alors que la vie peu à peu l’abandonne. On y verra une parodie moderne du roman éducatif, et un éloge de l’art : c’est dans les toiles d’Harietta que Hans aura pu entrapercevoir cet au-delà qui recèle les secrets de son propre destin.