•Pourquoi, depuis le séjour prolongé de Malinowski aux Trobriands, l’ethnologue doit-il se rendre sur le terrain, et ne peut-il se contenter d’interpréter des faits rapportés de seconde main ? •Les auteurs de ce livre, attachés de recherches au C.N.R.S. et actuellement en mission en Nouvelle-Guinée, estiment que le terrain n’est pas un rite de passage, dont on pourrait aisément se désintéresser, mais qu’il constitue l’expérience à partir de laquelle s’organise la science ethnologique : le terrain apparaît comme un laboratoire où l’ethnologue doit faire des séjours longs et répétés. •L’ouvrage défend ainsi une conception de l’ethnologie selon laquelle l’expérience directe, nécessairement limitée à quelques sociétés, se révèle plus féconde que la course, à travers livres et revues, à des informations dont la valeur reste toujours douteuse. •L’apprentissage ethnographique est une véritable éducation. Il semble difficile de tricher sur le terrain. L’expérience ethnographique sollicite en effet de l’ethnologue tout autre chose qu’un simple savoir : il comparaît en chair et en os, et le verdict de ce tribunal portera aussi bien sur ses qualités morales, affectives ou sensorielles, que sur des connaissances purement académiques. •On comprend alors la résistance de beaucoup, leur peu d’enthousiasme à se rendre sur le terrain, les artifices qu’ils mettent en œuvre pour truquer cette expérience, s’ils s’y sont, en fin de compte, résignés, et leur silence au retour. C’est justement ce mutisme que ce livre voudrait rompre.