Joseph Staline est né il y a juste cent ans. Qui voudra s’en souvenir, sauf en Albanie ? Mais qui aurait prévu un tel « oubli », il y a moins d’une trentaine d’années, quand des centaines de millions d’hommes endeuillés lui jurèrent fidélité ? Parmi eux, bien sûr, les dirigeants actuels du Parti Communiste français. François George, élevé dans une famille communiste, évoque son enfance à l’ombre de ce « père » bien-aimé, aussi brillant biologiste que génial stratège. Et l’adulte s’interroge : comment les grandes personnes pouvaient-elles se tromper à ce point, n’étaient-elles pas elles-mêmes des enfants ? Le philosophe, proposant à la relecture des textes devenus incroyables, cherche à comprendre comment a pu être célébré comme un demi-dieu, par des hommes de bonne foi et de bonne volonté, le patron du Goulag. Ce livre, qui n’est pas un réquisitoire dans l’esprit d’une certaine mode, et qui voudrait faire de l’humour une arme contre le dogmatisme, propose en fait la seule célébration du centenaire qui paraisse convenable : ramener à la mémoire cette époque si vite tombée sous un honteux refoulement, pour tâcher de lui arracher quelques enseignements d’actualité.