Avec « Ceux d’Hurtebise », André Pierrard nous donne son cinquième roman et sans doute son meilleur. Ses héros habitent la dernière maison du hameau du Mousset, qui borde la frontière belge. Un pays imprégné de brume où la terre est grasse, les chemins mystérieux et la méchanceté vigilante. Une calomnie honteuse va frapper Fulbert Berlemont, le fils de la ferme d’Hurtebise L’ignominie dont on l’accuse d’abord incroyable puis contestée puis admise et enfin jugée conduira, par un enchaînement implacable le malheureux en prison. Là, dans l’univers carcéral, celui du désespoir, des jours gris et des gestes bas, le pire est encore possible. Un des gardiens, un « maton », Roméo Pacôme Mathon, prétend venir en aide au détenu afin de s’introduire à Hurtebise. Après des nuits de haine, de désespoir et de mitard, libéré, ne reviendra pas chez lui. Que restera-t-il de la ferme du Mousset, et de « ceux d’Hurtebise ? Et quel tragique destin attend Roméo Pacôme Mathon au petit village frontière, si enclin à accuser, si habile à oublier, si semblable, en fait, à tant de villages de n’importe où ? Avec un talent dru et presque vengeur, André Pierrard s’en prend, férocement, à la sottise des hommes et à l’illusion de la justice. Ce qui ne l’empêche pas, tout le livre le prouve, de ne jamais cesser de croire en l’homme.