La violence est-elle le ressort nécessaire de l’histoire ? Les hommes doivent-ils tuer pour faire triompher les valeurs auxquelles ils croient ? Ou bien la violence est-elle l’objet d’un choix ? Autrement dit, les hommes qui bâtissent l’histoire ne font-ils qu’obéir à des lois nécessaires, ou bien ont-ils la responsabilité de leurs actions ? Ces questions que chaque bouleversement historique suscite à sa manière, et notre époque en particulier avec son déferlement de violence, sont posées ici aux premiers écrits chrétiens. Car ces textes témoignent — d’une part, du surgissement d’une idée porteuse d’espoir : les hommes sont responsables et peuvent construire un monde nouveau, puisque « leur père ne veut pas le sacrifice mais la miséricorde », et — d’autre part, du gauchissement très rapide de cette idée nouvelle qui capitule devant la Providence, puis se corrompt en Raison d’État ; en effet, les hommes n’ont pas le « choix » : ils doivent d’abord tuer pour être sauvés (la mort du Christ devient un sacrifice salvateur) et ils doivent ensuite continuer à tuer, plus tard, au service du Christ ! Pourquoi l’idée de responsabilité est-elle si vite étouffée par la justification de la violence historique ?