L’idéalisme passionné est d’ordinaire conçu comme un chapitre marginal et pittoresque de la paranoïa : on y range les originaux étranges et autres philanthropes. Mais l’idéalisme imprègne le centre même de la paranoïa, fascine l’hystérique et contribue à structurer la psychologie de notre temps. Il faut revenir à la paranoïa, pathologie de la représentation et de son investissement, car il est absurde de réduire cette pathologie — comme bien d’autres — à un trouble de la relation ou du conflit. Le surinvestissement de l’idéal diffuse au-delà de la psychopathologie. L’idéal de pureté rivalise avec l’idéal de fusion pour charpenter les idées politiques de notre temps comme le fanatisme ou plus banalement les horizons de notre quotidien : la publicité est idéale comme les promesses des économistes ou celles des thérapeutes. Sortir des croyances magiques amène au négativisme, à un souci extrême de l’objectivité scientifique, au culte de la matière. C’est un nouvel idéalisme. D’où viennent ces idéalismes qui pour n’être pas toujours passionnés n’en obsèdent pas moins notre société à une époque qui se veut areligieuse ? L’auteur se garde de prononcer des formules magiques ou de fournir des recettes. La dépression, la critique, l’ouverture, la création sont des sorties possibles qu’assistera le psychothérapeute.