Rolf Steiner... On l’a vu légionnaire en Indochine, en Algérie. Il est bientôt sollicité de se rendre au Biafra. Là, le sort des Ibos catholiques massacrés par les Nigérians l’émeut. Avec l’accord d’Ojukwu, le chef des rebelles biafrais, il va recréer une légion, « la Légion en noir ». Il remet sur pied la défense biafraise au moment où tout le monde croit la partie perdue. Le voici à la tête d’une brigade de trois mille hommes formés et instruits par lui, puis de toute une division. Il est à la fois combattant et administrateur, il édifie un hôpital, rend la justice, traverse une grave crise de conscience lorsqu’il est obligé de faire exécuter pour désertion le sous-officier qui lui avait sauvé la vie. Le colonel Steiner abondonne tout quand il comprend que l’aide militaire au Biafra est désormais subordonnée à certains intérêts pétroliers. C’est pour des raisons humanitaires que, sur l’insistance d’organisations catholiques internationales, Steiner se retrouve dans le Sud soudanais. Il s’y met à la disposition du général rebelle Tafeng pour organiser la défense, mais aussi la subsistance des tribus en détresse. Sa mission terminée, il tombe dans un guet-apens à Kampala. Amené supplicié à Khartoum, torturé pendant quatre mois, puis confié à deux agents de la RDA travaillant pour la sécurité soudanaise, il tient tête pendant douze jours à ses juges dans un procès qui attire la presse internationale. Il sera libéré au printemps de 1974 sur l’intervention de Bonn, après quatre ans de prison. C’est cette vie extraordinaire que raconte ici le dernier des condottieri. Steiner se défend d’être un mercenaire. « J’ai toujours préféré la chaleur de l’équipe à la tiédeur du foyer. Carré rouge, béret vert, légion noire, c’est ma vie. Rouge, vert, noir : les couleurs du Biafra. » Son dernier carré, c’est celui du sang versé.