Autoportrait dit à l’abat-jour (Chardin), Composition : paysans (Picasso), Le déjeuner sur l’herbe (Manet), etc., semblent être les produits originaux d’une fabrication ad hoc, dans un cadre énonciatif fortement conditionné par leurs relations de coprésence à la peinture. Pourtant, donner un titre à une toile implique un équilibre entre le vouloir-dire singulier d’un sujet et les contraintes d’acceptabilité du discours dans lequel ce vouloir-dire se formule. Les titres de tableaux tendent toujours à se constituer en système de formes dénominatives. Ce livre esquisse ainsi, à partir du cas d’espèce que constituent l’intitulation picturale, une théorie générale de la nomination – la Signalétique – selon laquelle les dénominations d’objets uniques construites en discours sont soumises à des processus stables et inconscients. L’ouvrage s’adresse non seulement aux linguistes que la question de la nomination intéresse mais aussi aux étudiants en sciences humaines qui y trouveront des outils sémiotiques et sémantiques utilisables dans des domaines où l’image et le texte sont nécessairement conjoints. En repérant des clivages et des points d’inflexion suivant les domaines et les époques, il ouvre par ailleurs à l’historien de l’art et au plasticien les perspectives nouvelles d’une analyse langagière.