C'est avant tout un roman insolite, avec des personnages et des sentiments hors du commun, un décor peu banal, où l'auteur conduit - avec vigueur - une action pittoresque et colorée, que l'on accepte telle qu'elle est, en lui vouant la reconnaissance accordée aux saines distractions.Quoi de plus sain, en effet, que la situation imaginée par Robert Schinasi :Au milieu du fatras de la rue Attarine, dans des conversations animées du café Abdallah, Abou Zeid apprend que sa fille Sohad est enceinte. Le coupable est Abdel Hamid, le jeune coiffeur, qui, pour réparer sa faute, est placé devant cette alternative : épouser Sohad, ou être égorgé par les amis d'Abou Zeid, gens très chatouilleux quant à l'honneur. Abdel Hamid marque peu d'entrain pour la deuxième solution. C'est pourquoi, après bien des péripéties, il optera pour l'hymen… moyennant toutefois le versement d'une dot de 200 livres… Condition acceptée d'enthousiasme bien que… personne, ici, ne dispose de 200 livres…Dire alors les inventions qui seront celles d'Abou Zeid, ou du ramasseur de mégots, Moustapha Chawkat, de l'éboueur Aly Mansour, ou de l'oncle Mohammed, escroc de pacotille, pour se procurer cette somme indispensable au bonheur des époux, reviendrait à raconter un livre qui, dans l'atmosphère grouillante d'une Égypte peu connue, nous fait rire franchement, d'un rire à l'image des personnages du roman : solide, large et généreux.« La Rue Attarine », c'est l'aventure d'une quinzaine de pieds nickelés dans un quartier d'Alexandrie.