Ce livre est l’un de ces cris sourds qui se prolongent sans fin en nous. Georges Aranyossy, d’origine hongroise mais de culture française, fils de militants du Komintern, communiste lui-même, a vécu en Hongrie jusqu’en août 1970. Il raconte l’érosion de sa foi, jour après jour, et sur le procès Rajk, sur l’affaire Noël Field, sur la révolution de 1956, il apporte des éléments inédits qui éclairent ces épisodes majeurs de l’histoire du communisme. Mais l’essentiel est ailleurs : Georges Aranyossy nous fait pénétrer au cœur du système politique et nous fait sentir le climat quotidien de la vie ; nous croisons avec lui les bureaucrates cyniques, les veuves de déportés fidèles malgré tout à leur foi et qui taisent ce qu’elles savent. Longtemps journaliste à Budapest, Georges Aranyossy a su voir et retenir : aujourd’hui il dit. Pour la première fois nous découvrons ce que furent pour les communistes favorables à l’intervention soviétique — Georges Aranyossy fut de ceux-là — les lendemains de la révolution de 1956. Et comment tout a recommencé derrière la vitrine d’une libéralisation de façade. Georges Aranyossy nous dit pourquoi il a perdu sa foi et comment il a pris la dure route de l’exil et commencé l’errance douloureuse des Justes. Un grand témoignage sur le drame de notre temps.