Le deuxième tome de cette Histoire de la psychologie est consacré à la psychologie qui, dans la mentalité positiviste de la seconde moitié du XIXe siècle, naquit comme science résolue à jeter le contenu de l’ancienne pour n’en conserver que le nom. L’histoire de la nouvelle science a toutefois révélé que ce contenu se prêtait difficilement aux méthodes des sciences naturelles prises d’abord comme modèle. Depuis les premières recherches, visant à étudier abstraitement des phénomènes psychiques et des fonctions mentales tenues pour élémentaires, de grands changements sont intervenus ; dus surtout aux révolutions psychanalytiques et gestaltistes qui ont imposé l’exigence d’étudier l’être humain non plus désarticulé par un artificiel morcelage, mais dans sa totalité. Une totalité qui fait d’ailleurs problème. Chassée par la porte, la philosophie rentra par la fenêtre. Sous l’aspect en particulier de la phénoménologie husserlienne et de la pensée de Heidegger, dont les répercussions multiples ont modifié les perspectives au point que la physiologie désormais, loin d’apparaître comme le modèle, tend à s’intégrer elle-même dans une anthropologie. L’auteur, plutôt que de fournir un tableau qui ne saurait être exhaustif des sciences psychologiques de notre temps, s’en est tenu aux aspects de celles-ci qui lui ont paru les plus typiques. Son enquête, soucieuse de fidélité, ne prétend pas à une neutralité indifférente. Il ne méconnaît pas le moins du monde l’importance de la psychologie scientifique dans le monde contemporain, son utilité pratique, sa capacité de rendre compte de nombreux aspects du psychisme et du comportement. Mais il est persuadé que les recherches y impliquent une interprétation et, en dernière analyse, des postulats philosophiques ; même si certains psychologues, au prix d’un « coup de pouce », prétendent réduire à leurs schémas l’homme total : cet être qui, tout en restant attaché à ce qu’il dépasse, rompt incessamment les cadres dans lesquels on voudrait l’enfermer.