Les chroniques de Maurice Clavel se succèdent avec une sorte de nécessité intérieure, annonçant dès Novembre 1966 « la convulsion salutaire », proclamant le décès de « l’homme fini » et de l’humanisme, affirmant la nécessité de « tout refaire à neuf », « tout penser à zéro », espérant « un réveil venu de l’extrême-gauche ». Quand Mai éclate, Combat offre à Clavel les colonnes que le Nouvel Observateur ne peut provisoirement plus lui ouvrir ; Clavel entre alors de plain-pied dans cette révolution qu’il a prévue, suscitée même, et qui l’émerveille pourtant par sa positivité profonde et sa vivacité de fête. On sent cependant tout au long que ses sentiments pour De Gaulle ne sont pas simples : la violence des invectives est sans doute à la mesure d’un compagnonnage ou d’une amitié passée. Ainsi, par son ton passionné, par sa recherche déchirante, Clavel nous apparaît, monolithique, honnête jusqu’au mysticisme, à la jointure de deux mondes, passé-futur, dans une apocalypse peut-être commençante.