Glucksmann a percé le secret de nos maîtres en philosophie : ces penseurs - Fichte, Hegel, Marx, Nietzsche - sont en effet des maîtres et leur conception de la liberté n'est que propédeutique à la servitude. Mais le traduira-t-on en disant que leur force est d'avoir marié la Raison et l'État ? Nietzsche vomit l'État, Marx veut l'abolir, Hegel lui-même a ses réticences tardives... Quel est donc l'ultime ressort de la pensée de maîtrise ? Ne faut-il pas le chercher à la fois au plus vaste et au plus intime ? Il y va aujourd'hui de notre salut, même public, tant il vrai qu'on ne peut s'en tenir à quelque bonne volonté radicale-socialiste, à un anarchisme new-look ou à la quête du dernier bon sauvage... D'où cette longue lettre de Maurice Clavel à André Glucksmann, où il propose - mais c'est pour rire - l'hypothèse que, peut-être, le Diable y est pour quelque chose... Discrètement, bien sûr, on n'est pas diable pour rien, que diable ! S'il est un point commun entre nos quatre as, n'est-ce donc pas d'avoir mis Dieu dans le coup ? D'avoir cherché, avec fiel ou avec miel, à prendre sa place pour régner sur les hommes ?... Au nom de l'Homme, de l'Esprit, de l'Histoire ou du Surhomme, en passant outre à l'interdiction kantienne d'étendre au-delà de ses limites l'Empire de l'Entendement... Et alors ? Et alors peut-être le refus de la tentation est possible, sans se vouloir plus éclairé que l'ange de lumière... Et s'ouvre une voie hors de cet infernal tourniquet biséculaire, pour libérer la liberté...