Pour exprimer ses réflexions sur l’art et la création littéraire, Vialatte a imaginé un projet de roman demeuré inachevé, à la fois parabole et caricature, intitulé Camille et les grands hommes. Un extrait de ce texte ouvre ce recueil. C’est la rencontre romanesque d’une adolescente prédestinée à la poésie avec un artiste authentique. Un écrivain. Les textes réunis dans les chapitres suivants sont des chroniques groupées par thème. Quoique d’un autre ton, elles se rapportent au même sujet : l’art et la création artistique. Particulièrement la création littéraire. Soumise absolument à certaines disciplines. Codifiées par les règles du jeu, celles de la grammaire, du sens rigoureux des mots, de la ponctuation. Qui ne les observe pas ne pense pas bien. Autant de contradictions dira-t-on ? Non pas. Pour que la vérité du poète s’impose au lecteur, pour que le mythe devienne réalité même et ne se fane pas, il faut qu’elle soit forte et bien vivante. Transparente. Irréprochable. Belle, enfin. Comme les piscines d’Hesbron, près de la porte de Bath-Rabbim. Cette énigmatique Porte de Bath-Rabbim a obsédé Vialatte sa vie durant. Pour lui, ceux qui la passent sont les poètes, les créateurs. Ceux qui ne veulent ou ne peuvent la franchir ne connaîtront jamais la vraie vie : celle des espoirs, des songes de l’homme.