Qu’est-ce qu’un « reporter » ? C’est, dit André Maurois, un « témoin de qualité ». C’est l’homme ou la femme — qui, ayant approché un personnage hors-série, ou assisté à un événement exceptionnel, note ce qu’il a vu ou entendu. Grands reporters, Victor Hugo écrivant Choses vues, ou Gœthe racontant la Bataille de Valmy. Mais reporters aussi ce marchand de bois et charbons dont le présent ouvrage cite le témoignage, et qui raconte comment il a assisté par hasard à l’assassinat du duc de Gandia, fils du pape ; ce Cardinal Piccolomini qui admoneste son jeune collègue, le Cardinal César Borgia pour ses débordements ; ce Machiavel qui nous parle de la Florence de l’époque... Avec ces témoins — et beaucoup d’autres — c’est l’Histoire elle-même qui a la parole. Elle fait revivre, avec l’accent de l’actualité, l’Italie cruelle et raffinée de la Renaissance. Elle nous montre dans leur vérité même la singulière famille des Borgia. Madame Anny Latour ne s’est pas bornée à laisser parler les chroniqueurs : elle a traduit du dialecte vénitien des Annales qui dormaient depuis cinq cents ans dans les Archives. Elle est allée aux sources et a découvert des « reporters » inconnus. Car si cette collection a pris pour titre un proverbe que tous les journalistes du monde connaissent, c’est que ce proverbe dit vrai : là où se fait l’Histoire, il y a toujours un reporter. Comme l’écrivait André Maurois en présentant la collection : « Dès qu’un groupe d’hommes est assemblé en vue d’une action importante, il y a, dans ce groupe, quelque spectateur-né, curieux et intelligent, c’est-à-dire un reporter. »