L’ordre mis en place par les nations libres après la deuxième guerre mondiale a fait son temps. Il a lui-même favorisé les raisons de sa disparition en transformant la communauté disparate des peuples en une seule société internationale interdépendante. Des avancées significatives ont été réalisées dans ce sens par la dimension donnée à l’idée de l’action commune internationale qui a, pour la première fois de l’histoire de l’humanité, pris une forme concrète, institutionnalisée et active dans les domaines : – politique, par la contribution à l’éveil des consciences à la question de la libération des peuples et à celle des droits de l’homme ; – sécuritaire, à travers le rôle de surveillance de la paix internationale conférée au Conseil de Sécurité ; – socio-économique par la normalisation et la promotion de la coopération internationale dans divers secteurs. Il en est résulté la contraction du monde en un simple « village planétaire », contraction grandement favorisée, cela va sans dire, par le développement de nouvelles technologies. La chute du « mur de Berlin », la fin de la « guerre froide » et la déconvenue du communisme ont, par ailleurs, libéré les relations internationales du manichéisme idéologique qui leur servait de repères. Le libéralisme, bien que dominant, se trouve, de son côté, en butte aux aspirations identitaires qui se font partout jour pour contester le modèle occidental qu’il véhicule. D’où la nécessité pour un nouvel ordre mondial qui fasse droit à ces aspirations en prenant en charge les particularismes régionaux dans une restructuration pyramidale des institutions continentales et internationales. Le monde islamique, en tant que groupement intercontinental institutionnalisé, est riche de potentialités, porteur de valeurs, et n’entend pas rester à l’écart du débat international portant sur la définition d’un nouvel ordre mondial. Le moment n’est-il pas propice pour un projet réellement à contenu universel ? C’est à cette question que le présent essai tend à répondre.