L’histoire de la construction de l’Europe communautaire serait incomplète sans la prise en compte et l’analyse des événements que cette dernière a suscités en Scandinavie. Alors que la Communauté des Six s’est progressivement élargie à l’Europe méridionale, puis a entamé un dialogue prometteur avec l’Europe de l’Est depuis l’automne 1989, l’Europe du Nord pouvait sembler oubliée. Pourtant, commencée depuis plus de quarante ans, l’histoire des relations entre la Scandinavie et l’Europe occidentale en révolution devrait retenir l’attention, cet ouvrage se propose d’en retracer les grandes lignes. A l’évidence, le développement continu des liens économiques avec la CEE poussait les pays nordiques à se rapprocher toujours plus de marchés dont ils dépendaient étroitement, surtout après l’adhésion de la Grande-Bretagne à la Communauté en janvier 1972. Le Danemark et la Norvège donnaient alors aussi leur adhésion, mais le gouvernement norvégien fut ensuite désavoué par un référendum. La Suède et la Finlande se refusèrent à une pareille démarche, donnant la priorité à leurs politiques de sécurité sur leurs intérêts économiques. Les occasions d’unification scandinave ne furent pas saisies, et, au contraire, l’Europe du Nord s’est divisée devant l’Europe communautaire. Aujourd’hui, devant les perspectives de Confédération ou de « maison commune » européennes, la neutralité semble avoir perdu sensiblement de sa valeur. Les choix des pays nordiques sont plus ouverts que naguère et leur adhésion à la Communauté européenne des Douze n’a plus rien d’utopique.