Quand on voit, dans le prétoire où se jouent les grandes affaires judicaires, se lever un homme au visage léonin, à la chevelure blanche, on sait que « la parole est à la défense ». Emile Pollak, avocat marseillais, est devenu en effet, en quelques années, l’un des plus célèbres maîtres du barreau. Il a été de toutes les retentissantes « affaires ». De celle de Gaston Dominici à celle de « Mémé » Guérini, le « Parrain » du milieu marseillais. Il a été aussi au procès de Michel Fauqueux — qui avait enlevé la petite Sophie Duguet — et il a suivi l’affaire de Puyricard, cette étrange bataille autour de l’héritage d’un vieil aristocrate provençal... On lit donc ce livre d’abord comme un roman balzacien où tout serait vrai. Car Me Pollak ouvre ses dossiers, nous fait découvrir les incroyables visages de ces inculpés, hommes ou femmes, pris par la mécanique de leurs passions. Et les chapitres les plus intéressants sont peut-être ceux consacrés à des affaires moins spectaculaires ou à des accusés dont l’actualité n’a pas gardé le souvenir et dont Me Pollak retrace la destinée. Mais l’attachant, chez Emile Pollak, c’est le ton, la liberté de jugement. A l’égard de la justice ou des jurés, il est souvent mordant. Sans illusion sur le fonctionnement de la machine judiciaire, il sait pourtant qu’il ne doit pas abdiquer. Car l’avocat a une tâche sacrée : sauver un homme ou une femme. Et la parole, dans ce livre, reste, en toute lucidité, en toute sincérité, à la défense.