Pour que la modernité soit, il a fallu que l’économie fût ; fût découverte. L’homme moderne n’a inventé ni la technique, ni la rationalité, ni même la science, quelles que puissent être ses illusions à ce sujet. Mais il a bel et bien découvert l’économie. Pour placer dans sa mouvance active la totalité du réel, lui-même y compris. L’économie, première servie... Partant de ce lieu stratégique de notre modernité, Georges-Hubert de Radkowski nous fait arpenter toutes les contrées privilégiées par notre société, nous introduit dans toutes ses demeures. Guidés par lui, nous mettons à nu l’imposture anthropologique qui rend solidaires économie et production de richesses ; nous saisissons dans leurs dimensions véritables la place et la signification de la technique, nous cernons le contour secret et méconnu de son être. Chemin faisant, apparaissent à nos yeux l’espace où se déploie l’œuvre d’art, le rôle caché du travail dans la vision de notre temps, l’inconsistance de la notion occidentale du progrès technique, le caractère fantasmagorique de cette entité « à tout faire » de l’économie politique, le besoin. Cette interrogation sur l’économique, approche radicale de ses assises, nous met à l’écoute de cette puissance « poétique » et abyssale d’où proviennent l’humanité de l’homme autant que toute l’histoire de la société humaine : celle du DÉSIR. Ce texte où travaille le désir inaugure une critique de l’économie, équivalent contemporain de la rupture apportée par Georges Bataille dans La Part maudite et La Notion de dépense.