Le journalisme mène partout et à tout, mais Jean-Michel Rettig pour sa part n’a récolté dans le métier que malchance, humiliations, quelques mois de bagne au Bangladesh en prime, etc. Lorsqu’il « couvre » en mai 75 la chute de Saigon, envoyé d’une grande agence, les ennuis à nouveau s’amoncellent. Et puis c’est le « scoop » que recherche tout journaliste. Un contact avec la plaque tournante clandestine des « Écoutes » à Saigon. En point d’orgue à ce double, triple jeu répugnant qu’ont mené tous les acteurs de la tragédie sans exception (17 minicassettes enregistrées aussitôt répertoriées en France « PRIORITÉ ROUGE », ultime échelon dans l’ultra-secret). Mais une « Priorité Rouge » politique, c’est invendable dans une agence de presse, juste de la dynamite à se faire sauter. Rettig, qui le comprend trop tard, fonce comme à l’habitude et finira par trouver ce qu’il a bien cherché : un choc en retour qui, de Singapour à Macao en passant par la sanglante ligne annamitique, où l’on recommence à se battre, les enverront, lui et ses deux femmes, début 1976, aux limites d’un monde d’où l’on ne revient jamais.