Avoir ou pas des enfants? La question devient un véritable dilemme existentiel dans L’arène des mères, un roman autobiographique où Sheila Heti ébranle nos conceptions et nos a priori autour de la maternité. Sous la forme d’une délibération, elle pèse le pour et le contre, évalue la « joie que procurent les enfants » et « la misère qu’ils causent », questionnant notamment le jugement réservé aux femmes qui choisissent de ne pas enfanter. Grinçante et pleine d’autodérision, l’autrice abandonne sa rationalité au hasard d’un lancer de pièces de monnaie inspiré du Yi Jing, un système de divination millénaire né en Chine. Au final, le livre pose la question plus large de ce qui devrait guider nos choix, du sens qu’on donne à nos vies et de la possibilité d’être à la fois un grand artiste et un bon parent. Mêlant la magie au poids de l’héritage familial, la réflexion philosophique au découpage du temps selon le cycle menstruel, ce livre inclassable ose remettre en cause le bien-fondé de la maternité et donner la parole à la femme qui ne désire pas se reproduire.