Si le secteur public d’une société ne fonctionne pas, c’est toute la société qui est empêchée de fonctionner. D’abord, il gère les règles du jeu et il en est le gardien. Le secteur public est le gardien du patrimoine commun, ce que les Anglais appellent « the common ». Le « bien commun » est ce qui appartient à tout le monde, et il a ceci de particulier que tout le monde se comporte comme propriétaire au regard de l’usufruit, mais personne en particulier ne se sent propriétaire pour ce qui est de sa protection ou de sa gestion. Chacun est prêt à prendre les bénéfices du « bien commun », mais personne ne veut en endosser les charges. Les économistes ont démontré depuis longtemps que les chances de survie du bien commun sont quasiment nulles. Nous pensons qu’il peut en être autrement, pour peu que collectivement nous prenions conscience du caractère collectif de notre destin.Notre conversation sur la gestion du bien commun s’appuie sur 40 années d’études de la stratégie des entreprises du secteur public. Nous illustrons nos propos en mettant en scène de nombreux gestionnaires, mais surtout trois dirigeants du secteur public, Jean-Paul Bailly, qui a dirigé la RATP et La Poste en France, Yves Devin, qui a présidé à la renaissance de la STM et Sylvain Lafrance, qui a transformé Radio-Canada, dont les expériences ont été particulièrement révélatrices.Ce livre est un livre de réflexion sur le bien commun et son management. Même s’il est basé sur la connaissance disponible, notre penchant est de débattre plutôt que de démontrer. Nous souhaitons surtout mettre sur la table les questions qui devraient animer notre réflexion collective sur ce management très exigeant et sur la formation de ses gestionnaires.