La nuit des longs couteaux fut celle de la liquidation par Hitler de Rœhm et des S.A. (Sturm Abteilungen) dans la nuit du 30 juin 1934, les S.A. dont Gœring dira à Nuremberg qu’ils étaient « la vraie clique de la Révolution, un troupeau de voyous avec leurs orgies sauvages ». Ce roman est l’histoire de quelques-uns de ces hommes : le chef d’escouade, Paul Braun, Allemand expulsé du monde des Sudètes ; Gœrlitz, ancien souteneur « qui aime jouer au flic et gagner sans risque » ; Kowalski qui veut faire quelque chose pour que « ça change » ; Martin Berwald, ancien combattant de 14-18, cinq fois blessé et cinq fois volontaire pour retourner au front, le plus modéré et le plus réfléchi de tous, qui cherche à mettre ses actes en accord avec ses convictions. Dans une Allemagne en convulsion, ces professionnels ou déclassés, ces chômeurs ou vagabonds, s’abandonnent à leur instinct de brutalité, mais discutent aussi et boivent dans des brasseries, se promènent dans la campagne, vont pêcher l’écrevisse, et se montrent pleins de candeur et de naïveté. Ce livre de violences est aussi un monde nocturne et nu, débarrassé de toutes les formes terrestres de Dieu. Il y passe une grande vérité, de la force, mais aussi de la tendresse et de l’espoir.