Ce livre est un pamphlet mais un pamphlet solidement nourri de faits. Il montre que notre société tout en exploitant l’image commerciale de l’enfance méprise profondément l’enfant. L’enfant est méprisé dès sa conception à travers la femme qui le porte ; dès sa naissance à travers la mère, qu’elle travaille ou non au dehors. La femme enceinte est soumise à toutes sortes de vexations et d’intimidations patronales. La garde de l’enfant pose des problèmes insolubles. Ni les crèches ni les nourrices ni les nurses ni les employées de maison ni les jeunes filles au pair ne sont une réponse à ce problème. Les écoles maternelles sont surchargées et souvent inadaptées. Le congé du mercredi ou les petites vacances sont une croix pour les mères. Dès que l’enfant est malade un peu gravement c’est l’enfer de l’hospitalisation abusive où la mère est considérée comme une gêneuse. En résumé, l’enfant n’a pas sa place dans la société urbaine ni l’habitat ni la rue ni les transports ne sont conçus pour lui. Il est un gêneur, il n’a pas d’espace à lui, on le pourchasse dans les quelques squares où il pourrait s’ébattre, on le chasse des hôtels, des studios et des meublés. Sans parler de la diminution de niveau de vie qu’il représente pour sa famille et que ne compensent pas les allocations familiales et remises d’impôt. A travers ce bilan, le langage officiel sur l’enfance apparaît pour ce qu’il est : une farce, une hypocrisie. L’indignation d’une mère et une moisson de témoignages et de faits concrets rendent cet ouvrage captivant.