Dans ces Bananes de Königsberg, Vialatte raconte l’Allemagne telle qu’il l’a vue, entendue, ressentie, de 1922 à 1949. Arrivé en Allemagne en 1922, Vialatte s’installe à Mayence. Il respire à grandes bouffées ce folklore rhénan dont il a tant rêvé. L’écrivain retrouve l’Allemagne éternelle qu’il imaginait, romantique, teintée de piété monastique, le Rhin mystérieux et sa fascinante Lorelei. Assez vite cependant, son enthousiasme faiblit. Déçu, inquiété par l’Allemagne pro-nazie dans laquelle il voit se dessiner très clairement le péril hitlérien, Alexandre Vialatte, entre 1933 et 1939, ne fait plus que de rares et brefs séjours au-delà du Rhin. Personne ne croit à ses angoisses de Cassandre. Ce qu’il pense, redoute, paraît tellement insensé qu’on le laisse rarement s’exprimer. En janvier 1945, « correspondant de presse », il assiste aux procès des criminels de guerre de Belsen. Il les suit, à la fois fasciné et atterré par l’ampleur et l’horreur du drame, par le flegme des bourreaux qui se présentent comme des champions de l’ordre, du devoir et de l’obéissance. « Ils ouvrent sur l’âme nazie et la psychologie du crime des horizons qu’on ignorait jusqu’à ce jour. » Ces Bananes de Königsberg éclairent et nuancent l’apparence de frivolité qu’Alexandre Vialatte s’est amusé, presque toujours, à donner de lui-même. Elles affirment qu’il est aussi un écrivain profond.